Suite à une vérification effectuée auprès de divers passionnés de culture de figuiers en conditions limite ou extrême de froid, j'ai constaté avec un relatif étonnement, la perte progressive du contact que le jardinier entretient avec la nature même du figuier et de son environnement naturel.
En effet, il semble normal de considérer que des jeunes et vigoureuses plantes de figuier peuvent être endommagées ou totalement rabattues par le gel à des températures oscillant entre -2 et - 4°C, tous les ans.
Par contre, s'il bénéficie d'une protection les premières années, et qu'il réussit à se développer, le figuier peut résister facilement à des températures comprises entre -15 et -17°C, voire inférieures en de très bonnes expositions, pour certaines variétés (-18°C au moins).
Structure et physiologie du figuier
Le figuier a une constitution mixte herbacée et ligneuse. Cette structure se remarque très bien au printemps, lorsque les nouveaux rameaux apparaissent gorgés de lymphe. Il s'agit d'un liquide laiteux, riche en eau, résine et substances accumulées (amidon), qui, à l'exception de l'eau, forment un excellent antigel.
La nouvelle végétation utilise en grande partie ces substances accumulées se trouvant dans le bois. Il n'est donc pas surprenant que la végétation soit vigoureuse au printemps ; en fait, la plante utilise l'énergie accumulée durant l'année précédente, sous forme de carbohydrate.
Le figuier est donc en partie une plante succulente, vivant en zone désertique et est “programmée” pour accumuler dans son bois (tronc, branches et racines), durant la phase de végétation, d'énormes quantités d'eau. En effet, dans son environnement naturel, les pluies sont rares et les sécheresses fréquentes.
L'accumulation de substances en réserve dans son bois et ses racines (résine et carbohydrate) est due, bien évidemment, au métabolisme de la plante (lumière, chaleur).
De telles conditions sont fondamentales aussi pour la maturation des fruits.
Environnement naturel du figuier
Dans sa zone de prédilection, le figuier vit dans des sols très bien drainés, très ensoleillés, chauds et arides.
Dans la nature, le figuier préfère souvent croître sur des rochers ou des coteaux ensoleillés de toute part, où l'eau coule sans stagner, même si le sol est très pauvre et caillouteux, plutôt que dans des sols très riches.
Souvent, les roches et le sol avoisinants sont dénudés et réfléchissent la chaleur ; l'herbe autour est inexistante et le sol est donc sec et brûlé par le soleil, surtout à la fin de l'été ; à maturité, les fruits, ayant très peu d'eau à disposition, sont très doux.
Le bois est très déshydraté car le long été chaud et lumineux a concentré les substances antigel (résines et amidons), lui faisant perdre la consistante herbacée et lui permettant de prendre un aspect “sec”.
Dans un tel état, la plante résiste au froid et à des températures d'au moins 10°C à 12°C inférieures à celles supportées par les structures herbacées.
Les pluies automnales, intervenant lorsque le cycle végétatif est terminé, n'ont quasiment pas d'effet sur l'hydratation.
Dans la nature, l'amendement est pauvre et souvent obtenu par du compost végétal, branches et rameaux en décomposition, le tout en très faible quantité. La fertilité réduite du sol ne sollicite pas la pousse de nouvelles parties herbacée.
A titre d'exemple, en Angleterre, il n'est pas surprenant que des figuiers adultes, réputés rustiques, succombent à des gelées de l'ordre de -5°C. Dans ces régions où les étés sont frais avec des pluies fréquentes, la plantation des figuiers à mi-ombre ou à l'ombre s'avère catastrophique car le bois ne s'aoûte pas correctement et les branches restent dans leur état herbacé. Un voile d'hivernage sera moyennement efficace car, de toute façon, la partie herbacée sera perdue et un rabattage devra être envisagé.
Que faire ?
Il est évident que pour le jardinier, il est impossible d'empêcher qu'il pleuve, ou de modifier le climat.
Il est pourtant possible d'éviter que le figuier soit planté là où l'eau stagne. Si la plante reste dans un environnement humide, elle continuera à se gorger d'eau. Il est donc indispensable de sélectionner des emplacements arides ou du moins très bien drainés, où l'eau s'écoule le plus rapidement possible.
Par conséquent, il est évident que les coteaux ou les terrains en pente sont des implantations idéales. En plaine, un profond système de drainage est fondamental. Il est également possible de créer une grande butte composée de cailloux, terreau et terre de jardin faiblement enrichie. La plantation se fera au sud, sur le côté ensoleillé de la butte.
Autour de la plante, le sol doit être nu, désherbé et bien biné. Il peut toutefois être enherbé mais l'herbe doit être fauchée, car elle retient l'humidité. Le sol reste toujours humide sous l'herbe, même si ce n'est visible qu'au travers des rosées matinales. La conséquence est que pendant une bonne partie de la journée, l'humidité s'évapore du sol et soustrait la chaleur de manière importante. Cette déperdition ralentit beaucoup le métabolisme de la plante qui accumule moins de sucre dans les fruits, ainsi que moins de résine et d'amidon dans le bois, nécessaires à la résistance au gel en hiver.
N'arrosez pas autour du figuier car les racines sont souvent beaucoup plus longues que les branches!
Quand l'automne arrive, si la plante est vigoureuse et en pleine croissance (avec des branches herbacées), il faut y voir un mauvais signe, car cela signifie qu'elle n'a pas eu suffisamment de chaleur pour lignifier son bois. En fait, le figuier est en train d'épuiser les réserves nutritionnelles pour ne produire rien d'utile car les branches herbacées seront détruites dès les premiers gels et la fructification des figues fleurs de l'année suivante sera compromise. De plus, avec des réserves qui s'épuisent, les substances antigel sont diluées avec de l'eau dans les branches herbacées qui ne peuvent absolument pas résister aux gelées hivernales.
Amendez très peu le sol et JAMAIS après le mois de juin. Les jeunes plantes de figuier ont tendance à être plus herbacées et sont donc plus délicates ; c'est au contraire une bonne lignification qui améliore beaucoup la résistance au gel.
En zone froide, il est conseillé de protéger les jeunes figuiers pendant l'hiver les premières années. Il est possible (et recommandé) de construire autour du figuier, un tipi avec des tuteurs, de l'enrouler dans du voile d'hivernage et de le remplir au trois quarts de la hauteur de la plante avec des feuilles mortes se décomposant très lentement (les feuilles de platanes sont idéales).
Mais attention, il ne faut pas découvrir les figuiers avant que les dernières gelées ne soient passées (avril-mai) car même une légère gelée à -2°C peut alors détruire les beaux bourgeons verts et les éventuels fruits en formation. Au bout de deux ou trois années, cette protection ne sera plus nécessaire. Malgré ces quelques soins, un figuier mal exposé ne réussira pas en zone froide. Donnez-lui la bonne exposition au sud ou au sud-ouest !
Lorsque vous plantez un figuier contre un mur, n'oubliez pas qu'il développe un puissant système racinaire et qu'à terme, il est possible que les racines pénètrent dans les drainages et les endommagent. De plus, si votre maison est très ancienne et construite avec des murs en mortier maigre, les racines tenteront de s'infiltrer par le moindre orifice.
Si vous avez l'occasion de voyager, profitez-en pour vous rendre dans le sud de l'Europe et observez que dans l'habitat naturel du figuier, poussent des figuiers sauvages sur des murs de pierres sèches ou des rochers. Souvent, on en rencontre aussi adossés à des murs de pierres ou à des maisons et ils reçoivent toujours beaucoup d'ensoleillement durant de nombreuses heures de la journée.
En conclusion, un micro-climat naturel ou artificiel peut aussi faire la différence.
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